Par Reynoldson MOMPOINT
Port-au-Prince, le 30 décembre 2025
Ce qui se joue dans l’affaire Carel Pedre dépasse largement la trajectoire d’un homme. Nous sommes face à un possible crime administratif international, maquillé en faveur diplomatique, suivi d’un abandon pur et simple dès que la supercherie a été détectée par les autorités américaines.
Et cette fois, il ne s’agit plus d’indignation morale. Il s’agit de responsabilités pénales, administratives et politiques.
Un visa G2 n’est pas une décoration honorifique
Rappelons-le avec brutalité : le visa G2 est délivré exclusivement aux personnes accréditées officiellement auprès d’organisations internationales reconnues, dans le cadre d’une mission précise, traçable, documentée et limitée dans le temps.
– Sans mission réelle, le visa devient une fausse déclaration d’État.
– Sans accréditation valide, la chancellerie ment au pays hôte.
La question centrale est donc la suivante — et elle est explosive : Quelle fausse qualité a été déclarée aux autorités américaines pour justifier l’octroi du visa G2 à Carel Pedre ? Car il n’existe, à ce jour : aucune note officielle publiée, aucun décret, aucune communication diplomatique, aucune organisation internationale connue liant Carel Pedre à une mission officielle haïtienne. Ce vide documentaire n’est pas une négligence. C’est l’élément matériel d’une faute grave.
Dominique Dupuy : le silence comme aveu politique
Dominique Dupuy, ancienne chancelière, est aujourd’hui au cœur de cette affaire, non par acharnement, mais par logique institutionnelle. Elle était la garante légale de la signature diplomatique. Or, face à un scandale d’une telle ampleur : elle ne dément pas, elle n’explique pas, elle ne publie aucun document justificatif.
En droit politique, le silence prolongé face à une accusation documentable vaut reconnaissance implicite de l’embarras. Et l’embarras, ici, ne concerne pas Carel Pedre. Il concerne l’État haïtien qui aurait falsifié un statut diplomatique.
Quand la machine américaine démonte la fiction haïtienne
Les autorités américaines ne fonctionnent ni à l’émotion ni à la complaisance. Quand la mission cesse d’exister — ou lorsqu’elle n’a jamais existé — le visa tombe.
C’est là que la fiction s’effondre : Carel Pedre est incarcéré, son statut devient irrégulier, et l’homme comprend trop tard une règle brutale de la géopolitique :
– Les États-Unis ne protègent pas les mensonges des États faibles.
Le privilège fabriqué à Port-au-Prince n’a aucune valeur à Miami, New York ou Washington.
Abandon d’État : la seconde faute
Mais la faute la plus grave vient après. Une fois Carel Pedre exposé, l’État haïtien se retire, se tait, disparaît. Pas de communiqué de soutien. Pas de clarification diplomatique. Pas de tentative officielle de réparation.
– L’État qui vous invente un statut vous abandonne quand la justice arrive.
C’est un schéma connu : on vous utilise pour un jeu politique, puis on vous sacrifie pour sauver les apparences.
Nous ne sommes plus dans le scandale, mais dans l’enquête nécessaire
À ce stade, plusieurs questions exigent une enquête formelle indépendante : Y a-t-il eu falsification de documents diplomatiques ? Une organisation internationale a-t-elle été mentionnée à tort ? Des avantages ont-ils été accordés en dehors de tout cadre légal ? Qui a signé ? Qui a validé ? Qui a couvert ?
Ce ne sont pas des questions médiatiques. Ce sont des questions judiciaires.
Un pays qui ment à l’étranger se condamne à l’humiliation
L’affaire Carel Pedre restera comme un cas d’école : celui d’un État qui confond diplomatie et favoritisme, qui joue avec les règles internationales, et qui finit démasqué, discrédité et silencieux.
Carel Pedre paie aujourd’hui le prix d’un mensonge qui le dépasse. Mais Haïti paie, encore une fois, le prix de son irresponsabilité d’État.
Reynoldson MOMPOINT
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