Haïti – Charles Baker invoque l’occupation armée de son site de Santo et se démarque de toute responsabilité sur d’éventuels matériels déposés à son insu

Haïti – Charles Baker invoque l’occupation armée de son site de Santo et se démarque de toute responsabilité sur d’éventuels matériels déposés à son insu

Port-au-Prince, Haïti — Une correspondance officielle du businessman Charles Henry Baker adressée au commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Croix-des-Bouquets, Me Guy Alexis, relance les interrogations relatives à la responsabilité juridique et pénale de l’homme d’affaires dans une affaire de trafics présumés de stupéfiants sur un site industriel situé à Santo.

Dans cette lettre, transmise aux autorités plusieurs semaines après la diffusion, sur les réseaux sociaux, de vidéos faisant état d’activités illicites, Charles Baker affirme que son établissement aurait été pris de facto par des groupes armés depuis le 7 novembre. Il soutient que ni lui ni ses employés ne seraient en mesure d’accéder aux lieux et qu’il ne saurait, dès lors, être tenu responsable de tout objet, produit ou activité qui y aurait été déposé ou exercé depuis cette date.

Cette prise de position intervient dans un contexte marqué par la circulation d’images montrant ce qui est présenté comme des opérations suspectes, notamment liées au trafic de stupéfiants, à l’intérieur de l’enceinte de ce site, initialement destiné à des activités agro-industrielles. Ces révélations ont ravivé le débat public sur le contrôle effectif des installations privées en zone sensible et sur les obligations légales du propriétaire face à une occupation armée alléguée.

Dans sa correspondance, l’homme d’affaires avance que la présence de groupes armés, parmi lesquels seraient évoqués des individus liés au gang connu sous l’appellation Lanmò San Jou, rend matériellement impossible tout exercice de surveillance, de gestion ou de sécurisation des lieux. Il invoque cette situation pour tenter de se dégager de toute responsabilité ultérieure, sans toutefois préciser les démarches judiciaires ou administratives qui auraient été entreprises afin de faire constater officiellement cette occupation par les autorités compétentes.

Parallèlement, une enquête judiciaire est présentée comme étant en cours. Selon des sources concordantes, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) aurait convoqué Charles Baker ainsi qu’André Apaid dans le cadre de ce dossier, sans que les résultats de ces auditions n’aient été rendus publics. Le commissaire du gouvernement près le tribunal de Croix-des-Bouquets, Me Guy Alexis, ne s’est pas prononcé sur la portée juridique de la correspondance ni sur l’état d’avancement de l’enquête. La divulgation de cette lettre dans la presse soulève, par ailleurs, des interrogations quant à ses finalités procédurales et communicationnelles.

Interrogé par la rédaction, le directeur exécutif de l’organisme de défense des droits humains NEHRO, le Dr Josué Renaud, estime que cette correspondance peut constituer un élément susceptible d’être mobilisé dans une stratégie de défense. Il rappelle toutefois qu’en droit pénal haïtien, une déclaration unilatérale de non-responsabilité ne saurait, à elle seule, faire obstacle à d’éventuelles poursuites, notamment si l’enquête établit l’existence de faits antérieurs, d’une tolérance fautive ou d’une carence dans les obligations de sécurisation du site.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de fragilisation persistante de l’appareil judiciaire haïtien, régulièrement critiqué pour la lenteur des procédures, la faiblesse des enquêtes, les pratiques corruptives et l’incapacité de l’État à exercer un contrôle effectif sur des zones placées sous l’influence de groupes armés. À ce stade, aucune confirmation officielle n’a été fournie quant à la nature exacte des substances ou objets découverts, ni quant à l’existence d’un lien juridique direct entre le propriétaire du site et des activités criminelles spécifiques. L’enquête demeure ouverte.

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