Dans la limousine de l’Histoire : les pères de l’Indépendance jugent Haïti en 2025

Dans la limousine de l’Histoire : les pères de l’Indépendance jugent Haïti en 2025

Deux cent vingt-deux ans après la Proclamation de 1804, les figures fondatrices de la nation haïtienne sont convoquées dans une scène allégorique située en 2025. À bord d’une limousine officielle équipée des technologies contemporaines, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et Alexandre Pétion observent le pays qu’ils ont contribué à libérer. Le dialogue qui s’engage, entre lucidité, remords et interpellation historique, met en tension l’idéal d’indépendance et la réalité d’un État fragilisé, exposé aux injonctions extérieures et à l’érosion de son autorité souveraine

Dialogue allégorique — 222 ans après l’Indépendance (1804–2026)
Scène imaginaire. Une limousine officielle neuve, aux lignes flamandes, avance lentement. Un drapeau haïtien flotte à l’avant. À l’intérieur : Jean-Jacques Dessalines, au volant ; Alexandre Pétion et Henri Christophe à ses côtés. Les trois héros, revenus symboliquement à la vie, observent Haïti en cette fin d’année 2025.

Dessalines
« Pétion, regardez ce qu’ils ont fait à mon pays… ce qu’ils ont fait à mon pays, 222 ans plus tard. »

Pétion
« Je suis désolé, mon Général. On aurait dû vous laisser davantage de temps pour achever votre mandat ; autrement, le pays ne serait pas là aujourd’hui. »

Christophe
« Oui, Pétion, tu as raison. Aujourd’hui, nous sommes réunis tous les trois. Nous reconnaissons nos fautes. Mon Général, je regrette d’avoir laissé l’assassinat prendre le pas sur l’unité. »

Dessalines
« Vous voyez bien que vous avez conspiré contre moi. Après cela, la division a gagné le pays. Je n’ai pas assisté aux funérailles de Pétion ; Pétion n’a pas assisté aux tiennes, Christophe. L’ambition a fracturé la nation. Quand vous m’avez choisi comme Général, je n’entendais pas instaurer une succession héréditaire. Regardez Haïti aujourd’hui : la souveraineté s’est totalement dissoute. La situation d’aujourd’hui dépasse même les chaînes que nous avons brisées à Vertières. »

Pétion
« Oui, mon Général, vous avez raison. »

Dessalines
« Pétion, vous avez bâti votre ville, Pétionville. Pas une rue à mon nom. Pourquoi cet effacement après ma mort ? »

Christophe
« Général, pour ma part, j’ai suivi votre plan. J’ai fortifié le pays. La Citadelle demeure une œuvre majeure, et j’ai privilégié les villes de l’intérieur, comme Milot. »

Dessalines
« Et pourtant, j’avais averti dès 1804 : pas de nouvelles villes sur la côte. Vous avez fondé Carrefour. »

Christophe
« Le temps a tranché, mon Général. Les principes ont cédé devant les calculs. »

Pétion
« Aujourd’hui, les ordres viennent d’ailleurs. Les actuels dirigeants s’y conforment. L’État s’efface, l’autorité se délite. Puis, ils n’ont pas une seule once de patriotisme dans leur veine. »

Dessalines
« Voilà le drame. Nous sommes retournés à la nature, mais la République, elle, se perd. L’indépendance n’est pas un trophée : c’est une discipline quotidienne. »

Épilogue.
La limousine poursuit sa route. Le drapeau claque au vent. Les trois figures se taisent, conscients que l’histoire, lorsqu’elle est fragmentée par l’ambition et l’oubli, laisse le champ libre aux injonctions étrangères et à l’effritement de l’autorité publique. 222 ans après 1804, la conversation demeure ouverte.

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